Résidence “Voyons Voir” au Jardin des 5 sens, Aix-en-Provence. Marseille-Provence 2013 • Capitale Européenne de la Culture, du 31 mai au 31 septembre 2013.

Anthropo-Scène, la scène de l’homme, son petit spectacle au sein de la nature. A travers six installations réparties sur l’ensemble du jardin, notre programme montre l’inversion des rapports homme / nature au fil de l’Histoire. En effet, si à ses débuts l’homme subissait la nature par le climat et les ressources, aujourd’hui, c’est la nature qui souffre de ses comportements. Nous souhaitons témoigner de cette inversion à travers les changements provoqués par l’homme.

Nous proposons donc d’aborder les différentes étapes de l’évolution de ces rapports. Au début il y a co-existence. Il s’établit un contact, une rencontre où l’homme impacte peu son environnement. L’homme s’approprie lentement la nature sans la changer, il s’aperçoit qu’il peut utiliser la nature. Puis la nature commence à être détournée, utilisée, instrumentalisée. L’homme réalise des greffes et des boutures, mélange les espèces, raffine les essences. L’action humaine s’étend et lors de la période agraire il cantonne, contraint et limite la nature pour créer des territoires. Petit à petit l’environnement est modifié. L’avancée des sciences offre un nouveau champ des possibles, les manipulations génétiques permettent d’altérer le vivant et particulièrement les plantes. Plus nos connaissances évoluent et s’enrichissent, plus les combinaisons augmentent. L’ultime étape de ce contrôle de l’homme sur la nature est probablement une refonte complète de celle-ci, une nature de laboratoire au service des besoins de l’homme. Une nature sans nature

Cohabitation

La cohabitation est la période où l’Homme pose les premiers jalons de ses rapports à la Nature. Nous proposons pour cette intervention de nous inspirer des ancêtres des ponts, gros cailloux simplement disposés dans l’eau. Nous posons symboliquement dans le jardin un ensemble de petits modules sur lesquels le visiteur peut marcher. Ce “pont” fait se rejoindre deux chemins sans toucher la nature. Il permet au visiteur de marcher sur la nature sans l’abîmer.

Appropriation

L’appropriation annonce un changement dans le rapport qui unit l’Homme à la Nature. L’homme comprend qu’il peut tirer des bénéfices de cette nature qui l’entoure. Il commence à baliser des territoires. Nous présentons une plate-forme définissant une zone d’accès autour d’un arbre. Un micro-territoire permettant de s’asseoir, de s’allonger… mais qui monopolise le tronc d’arbre et pourrait compromettre sa croissance.

Détournement

La nature est ici transformée à des fins utilitaires. La branche de l’arbre est détournée pour devenir une balancelle illustrant un équilibre homme / nature fragile et oscillant.

Contrainte

La contrainte représente la volonté de l’homme à dessiner la nature selon ses désirs. Le dispositif contraint la plante à croître selon une direction qui lui est imposée. Le dispositif ici s’étant sur toute une zone pour exprimer la réplication du phénomène.

Modification

L’homme commence à modifier la Nature en profondeur par la génétique. Il l’amplifie, l’augmente pour qu’elle satisfasse ses désirs, ses besoins, ses usages. Une branche aux propriétés augmentées évoque la quête d’une performance dont les effets secondaires sont méconnus.

Refonte

La refonte indique une réinvention des modèles biologiques. C’est la nature sans la nature, ré-écrite par l’homme. Nous proposons une nature minuscule, sous vitrine. Echo d’une beauté peut être perdue à jamais… hygiéniste, reprenant tout au plus certains codes formels permettant d’identifier l’ersatz.

  • Typologie: instalation artistique
  • Client: Voyons Voir
  • Année: 2013
  • © Vaulot et Dyèvre